mardi 19 juillet 2011

Taxe sur le secteur financier : pourquoi alimenter la défiance ?

Les chefs d'Etat vont bientôt se réunir pour sauver les apparences s'agissant d'une énième crise de la dette grecque. Ils ont lancé un poisson pilote : taxer les banques puisque semble t'il elles ne sont pas d'accord pour participer à une restructuration de la dette grecque qui ne dit pas son nom. Autant le leur imposer.

Celà fait plusieurs années que la politique vise les banques : taxe Tobin, taxe sur les transactions bancaires, taxe mise en place suite à la crise financière. Il est facile de les montrer du doigt en exhumant les vocables qui alimentent les conversations de comptoirs : spéculation, l'Etat les a sauvées de la faillite et elles s'en mettent plein les poches.

Pour autant est-ce la bonne approche ? A t'on tiré toutes les leçons de la crise ?

- Il faut d'abord rappeler l'origine de la crise de 2008 : un excès de financiarisation sans commune mesure avec l'économie réelle. Or la première mission des banques restent bien le financement de l'économie réelle et par leur action sur cette financiarisation elles ont été à l'origine de cet "excès de crédit" à l'origine de toutes les crises financières. Mais d'autres acteurs y contribuent qui se font bien discret aujourd'hui :  le secteur des assurances gros acheteurs de dettes, d'Etat notamment, pour les produits de leurs clients particuliers.

- Les Etats ont failli : en effet, le système de supervision de chacun des Etats a été aveugle et n'a pas su alerté sur les risques : il suffit de s'en rapporter pour la situation américaine au rapport d'enquête du Congrès sur la crise de 2008 pour le comprendre. La aussi rien de très nouveau : l'aveuglement des organes de contrôles sur la faillite du Crédit Lyonnais dans les années 90 nous rappelle de douloureux souvenirs en France puisqu'en final c'est le contribuable qui a épongé la dette. Or quel est l'objet principal de ce système de supervision : garantir que le  système financier n'est pas aveugle et que ses cordes de rappel classiques fonctionnent : le prix, ou le risque.

- Au final, le consommateur de produits "empoisonnés" est également dans la boucle. Or, si en cas de crise, il en paie le prix (cf affaire Madoff), souvent l'opacité de ces produits, au nom d'une innovation financière que ne cesse de louer les financiers, empèche de le sensibiliser à une vieille règle :  dans le domaine financier, pas de rendement sans risque.  

Qu'a t'on fait depuis la crise ? Hélas pas grand chose en Europe et en France si ce n'est des mesures "paillètes" (la réglementation des bonus qui fait bien sourire dans le milieu) ou des mesures "prétextes" : par exemple, pour le gendarme de la bourse française, l'AMF, il suffit de procéder comme pour les paquets de tabac avec des mises en garde qui c'est bien connu ont diminué la consommation ; chaque fois, qu'il achète un de ces produits financiers, il suffit de lui dire c'est dangereux et hop, le banquier est dédouané.

Donc en final, la confiance dans le système financier n'a aucune raison de s'être améliorée et c'est bien ce que traduit la crise de la dette grecque, au delà de l'analyse technique.

La taxation des banques dans ce contexte ne peut qu'être inefficace au mieux; des études économiques savantes le montrent même scientifiquement (http://www.edhec-risk.com/)-. Elle peut être mortelle au pire car leur imposer le paiement des dettes publiques, c'est signifier l'absence de confiance dans le système financier.

Alors que faire ? 

Offrir une réponse politique en cessant de se diviser publiquement entre Européens sur ce sujet. Cela suppose à minima une communication limitée, via un porte parole unique dans le domaine financier qui serait l'alter ego de la BCE.

Faire payer le risque aux porteurs de dettes grecques pour donner un signal clair au marché. Cela signifie une annulation importante de la dette grecque.

Etudier une révision de la fiscalité globale des institutions financières en France (banque et assurances) afin de faire payer le prix du soutien en dernier ressort de l'Etat. 

Politiser la dette des Etats en fixant une limite d'endettement en montant au niveau européen à l'instar de celle des USA dont le montant sera modifiable uniquement par le Parlement. 

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