jeudi 28 juillet 2011

Alleluia : au journal télévisé de france 2 pour avoir parlé de la situation des Roms

 http://www.france2.fr/

Dans une période estivale, faire un point sur la situation des Roms en France ne peut qu'être salué.

On voie bien que la première urgence est de les traiter avec dignité plutôt que d'affirmer avec le ton hautain et sur de soi qu'il doivent faire l'objet de mesures spécifiques de sécurité.

Pour ceux qui n'auraient pas connu la Roumanie, juste après la chute de Ceausescu, souvenons nous qu'ils faisaient l'objet d'une politique d'apartheid inommable alors. Je ne suis pas sûr que leurs situation ait véritablement changé depuis.

Voilà une raison de plaider, pour une politique de pression des instances européennes sur ce pays.

Marie

Règle d'or sur les déficits : une réforme nécessaire mais insuffisante

Au moment où les américains discutent très sérieusement du montant de la dette de leur pays, d'une anticipation par les marchés d'un risque de défaut de la Grèce et d'un débat ardu en Allemagne, au sein du Parlement, sur le dernier accord européen, il parait normal de se poser la question de nos déficits et de notre dette en termes politiques. Il nous semble donc de mauvaise politique que les ténors de la gauche jouent l'indignation sur ce sujet.

1°) La tendance des trentes dernières années en matière de dette est elle "soutenable" ? Non

Au delà des soubresauts de l'actualité récente, le bon critère c'est celui de la "soutenabilité" c'est à dire la capacité de l'Etat à couvrir ce niveau par un surplus budgétaire. Autrement dit, il s'agit d'éviter le recours à un jeu à la "Ponzi" (dont l'affaire Madoff est le dernier exemple) dans lequel on s'endette pour payer les emprunts précédents. Le critère de second ordre est bien entendu la solvabilité (la capacité à faire face à ses échéances), qui est d'actualité pour la Grèce.

Autrement dit le bon niveau de dette c'est celui qui permet à l'Etat de ne pas avoir à ajuster sa politique budgétaire tout en assurant bien sur sa solvabilité.

Comment a évolué la dette depuis trente ans :

- elle n'a cessé d'augmenter : elle est de 1591 Milliards € fin 2010 (contre 92 Milliards € en 1980)* et même en % du PIB elle n'a jamais cessé d'augmenter. Ce n'est donc pas une affaire de droite ou de gauche.
* source : chiffres officiels transmis à la CEE

- aucun modéle économique ne montre le caractère soutenable de la dette (voir Roubini dés 2002 et les études de l'Insee). Celà signifie, que les dépenses de l'Etat procurent de moins en moins de croissance et de recettes, que les investissements publiques ont un retour sur investissement difficile à mesurer.

-des tendances structurelles sont à l'oeuvre qui risquent d'augmenter la dette à l'avenir : la démographie en est la principale raison avec ses effets sur les dépenses de santé et de retraite.

Or, un niveau d'endettement excessif  a des effets bien connus de l'histoire économique : elle détourne l'épargne de l'économie de marché (les théoriciens appellent celà "l'effet d'éviction"). En général, il s'en suit que l'épargne ne va pas aux entreprises mais se loge dans des "rentes". Trés souvent il s'en suit une hausse des taux d'interêt, de l'inflation et un risque de défaut de paiement. L'angleterre actuelle est dans ce cas. Le seul rempart provisoire est la rigueur de la politique monétaire : on oublie souvent de dire que c'est celle de la BCE qui nous a préservés jusque là de ce risque...sauf si comme récemment on l'a vu on la force à acheter des dettes d'Etat compromises.

2°) Quelle réforme constitutionnelle ?

Auparavant, il faut rappeler qu'il existe de tous temps cinq façons de diminuer sa dette :
- spolier celui qui vous a prêté : c'est ce que fit l'ancien régime en France, l'Union soviétique après 1917
- dire à son prêteur, que l'on souhaite un arrangement : vulgairement parlant, on annule une partie de la dette : c'est actuellement ce qui se joue en Grèce. En dernier ressort, ce sont bien les élus qui doivent décider si oui ou non ils consentent à l'Etat ce point et en toute logique c'est du rôle du parlement.
- faire marcher la machine à billet : cela s'appelle l'inflation dont on sait qu'elle est pour les ménages facteurs d'appauvrissement
- restructurer les dépenses. On ne peut pas réellement dire que la France s'est attaquée au sujet même si elle l'a amorcé.
- accroître les impôts.

La réforme sur la "règle d'or" doit fixer le niveau de la dette en montant mais au niveau européen

- une première étape : plutôt que de règles d'or, il me semblerait plus utile que chaque année, une loi spécifique sur la dette soit proposée aux parlementaires : elle inclurait, un montant à ne pas dépasser, elle serait votée au vu, d'une analyse par la Cour des Comptes, et l'emploi de cette dette serait également présenté par les services de l'Etat. 

- une autre étape est nécessaire : en fait, la dette de la France, n'a une valeur relative que par rapport à la situation comparée de ses partenaires : la crise financière nous l'a montré, nous allons payé 15 milliards pour la Grèce. Faire du montant de la dette européenne, un sujet "annuel" de débat politique au sein de la construction européenne. Sans aller, jusqu'à la codécision avec le Parlement, qui choquerait sans doute, les contempteurs de l'Europe, à tous le moins, un vote d'un minimum de parlementaires européens serait de bon aloi.

Régis



mercredi 27 juillet 2011

Norvège : "On refait le monde" témoigne du désarroi de nos bien pensants

On refait le monde du 26 juillet 2011 (http://www.rtl.fr/) sur le drame Norvégien a montré que nos visions "franchouillardes" de cet évènement nous faisait chausser des lunettes sans doute de bonne foi bien pensantes mais singulièrement étriquées.

Désinformation de Jean Baptiste Prevost : "la montée de l'extrémisme de droite préocuppe Europole". A y regarder de près, il faut lire le rapport tout à fait public d'Europole, pour voir au nombre et à la teneur des chapitres, que l'extremisme de droite, n'est pas celui qui les inquète le plus. Par contre, ce rapport souligne à juste titre, le rôle particulier d'internet (www.europol.europa.eu/sites/default/files/publications/te-sat2011_0.pdf)

Raccourci choquant de Rocaya Diallo : parlant une fois de plus de l'islamophobie de Finkelkraut, cette éditorialiste énergique mais championne de la course de vitesse et des raccourcis, laisse planer un lien entre la pensée de Finkelkraut et l'attentat de Norvege. Qu'il suffise de rappeler, à cette polémiste, que des ouvrages célébres et haineux se sont recommandés de leçons, tirées de l'extérieur, et bien entendu, tronquées sans pour autant que l'on puisse dire, par une bijection pure, qu'il contribuaient à la même haine. Le livre le plus emblématique est sans doute "Mein Kampf" lorsqu'il se déclare admirateur de l'Eglise catholique !

Plus certainement, et cette fois en lien avec des aspects soulignés par le rapport d'Europole, on discerne bien que le développement d'internet - qui est l'un des facteurs de diffusion des idées extrèmes- nous ouvre à un nouveau regard sur le monde, de même que la diffusion de l'écrit sous la Renaissance. Nous n'en discernons pas encore tous les impacts, mais rappelons nous, que dans ces périodes là, l'impression prométhéenne procurées par la diffusion de la parole et du savoir a donné naissance aux utopistes, les plus réveurs comme les plus haineux. Le monde virtuel n'est pas né avec internet !

Cette analyse me conforte dans la nécessité d'une vision chrétienne (cf précédent blog sur la miséricorde) et européenne de la refondation de la république.

Il faut relire l'un des penseurs chrétiens de l'Europe à cette lumière, Nicolas de Cues, grand humaniste, auteur notamment d'un ouvrage (Le Coran passé au crible, Le Coran tamisé), récemment réedité. Il fait bien la distinction visionnaire entre
- les coutumes, qui nous inscrivent dans notre particularité
- la foi, universelle
- la raison qui fait le lien entre la foi et la coutume

Tout un programme

Bernard

mardi 26 juillet 2011

Norvege : retrouvez le chemin de la misericorde

Les commentaires affluent pour essayer de comprendre et d'exhorciser l'acte criminel commis dans un pays que nous réputions pacifique et apaisé. D'autres, bruleraient bien ce qu'ils ont adoré, en citant dans le désordre la montée des extrèmes au Danemark...

Pour autant, je pense que face au deuil de ce pays un seul mot convient, certes inusité couramment, la miséricorde : être de tout coeur avec eux face à l'adversité (ce que signifie l'étymologie de misericordia).

Je ne peux alors m'empécher de penser que sans cette miséricorde si précieuse , d'autres peuvent se laisser enfermer dans une logique d'exclusion puis de haine. Nos futurs gouvernants devraient y penser et faire de la lutte contre l'exclusion, dans ce contexte de crise un cheval de bataille.

Je fais également le paralèlle, avec l'homélie du Cardinal Barbarin, à la suite du pélerinage des septs saints qui nous dit : " Pourquoi est-ce que nous l'utilisons si peu ? Pourquoi est-ce que nous avons peur de l'utiliser ? J'en suis toujours surpris alors qu'il est partout dans la Bible, alors qu'il serait un lieu merveilleux pour le dialogue interreligieux »."Il faut que les hommes soient aimés, écoutés, compris, respectés profondément, a-t-il expliqué". Ce même mot aurait en tout cas plus de profondeurs, qu'un laicisme déséché.

"Pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort,
Pour diriger nos pas dans le chemin de la paix" (Cantique de Zacharie)


"Avoir un coeur qui écoute", voilà sans doute une voie plus prometteuse que toutes les analyses sociologiques de surface qui tentent d'expliquer le Mal.

Bernard

vendredi 22 juillet 2011

Théorie du genre : utopie ou idéologie

Coté chrétien : la réponse de l'Elysée à la lettre de l'AFC sur ce sujet est éloquente http://www.afc-france.org/education/actualites/1289-manuels-de-svt--reponse-de-lelysee-au-courrier-des-afc.

On y parle de "respect de la neutralité en matière philosophique et religieuse" et de programmes "conformes à l'état actuel des connaissances scientifiques".

Alors un peu d'histoire, de quelle philosophie parle t'on ?

Dés le XVIII éme siècle, on trouve trace d'utopies qui s'emparent de ce thème : je recommande de lire G de Foigny, Les aventures de Jacques Sadeur 1787. Pour lui, l'hermaphrodite Australien représente l'homme parfait. On se situe bien dans une utopie dont la définition première est de représenter un monde de Perfection.

Plus prés de notre époque, quelle est l'origine idélogique de cette théorie ? Une étude d'un psychologue américain de 1955, contestée depuis, réutilisée à des fins idélogiques féministes dans les années 70 aux USA, sa plus célèbre représentante déclarant qu'elle voulait combattre "la république blanche, molle et hétérosexuelle".

Il est à noter que depuis, d'ailleurs, les chantres de cette théorie ont pris beaucoup de recul, les critiques venant notamment du mouvement féministe lui-même.

L'ensemble de ces éléments ne plaident en aucun cas pour une "approche scientifique"

Si donc, il est tout à fait loisible d'en faire un sujet en termes d'histoire des idées à Sciences po ou même de débats philosophiques en terminal, en aucun cas je ne vois sa place dans un cours scientifique.


Régis , un ancien éléve de Sciences Po

mardi 19 juillet 2011

Taxe sur le secteur financier : pourquoi alimenter la défiance ?

Les chefs d'Etat vont bientôt se réunir pour sauver les apparences s'agissant d'une énième crise de la dette grecque. Ils ont lancé un poisson pilote : taxer les banques puisque semble t'il elles ne sont pas d'accord pour participer à une restructuration de la dette grecque qui ne dit pas son nom. Autant le leur imposer.

Celà fait plusieurs années que la politique vise les banques : taxe Tobin, taxe sur les transactions bancaires, taxe mise en place suite à la crise financière. Il est facile de les montrer du doigt en exhumant les vocables qui alimentent les conversations de comptoirs : spéculation, l'Etat les a sauvées de la faillite et elles s'en mettent plein les poches.

Pour autant est-ce la bonne approche ? A t'on tiré toutes les leçons de la crise ?

- Il faut d'abord rappeler l'origine de la crise de 2008 : un excès de financiarisation sans commune mesure avec l'économie réelle. Or la première mission des banques restent bien le financement de l'économie réelle et par leur action sur cette financiarisation elles ont été à l'origine de cet "excès de crédit" à l'origine de toutes les crises financières. Mais d'autres acteurs y contribuent qui se font bien discret aujourd'hui :  le secteur des assurances gros acheteurs de dettes, d'Etat notamment, pour les produits de leurs clients particuliers.

- Les Etats ont failli : en effet, le système de supervision de chacun des Etats a été aveugle et n'a pas su alerté sur les risques : il suffit de s'en rapporter pour la situation américaine au rapport d'enquête du Congrès sur la crise de 2008 pour le comprendre. La aussi rien de très nouveau : l'aveuglement des organes de contrôles sur la faillite du Crédit Lyonnais dans les années 90 nous rappelle de douloureux souvenirs en France puisqu'en final c'est le contribuable qui a épongé la dette. Or quel est l'objet principal de ce système de supervision : garantir que le  système financier n'est pas aveugle et que ses cordes de rappel classiques fonctionnent : le prix, ou le risque.

- Au final, le consommateur de produits "empoisonnés" est également dans la boucle. Or, si en cas de crise, il en paie le prix (cf affaire Madoff), souvent l'opacité de ces produits, au nom d'une innovation financière que ne cesse de louer les financiers, empèche de le sensibiliser à une vieille règle :  dans le domaine financier, pas de rendement sans risque.  

Qu'a t'on fait depuis la crise ? Hélas pas grand chose en Europe et en France si ce n'est des mesures "paillètes" (la réglementation des bonus qui fait bien sourire dans le milieu) ou des mesures "prétextes" : par exemple, pour le gendarme de la bourse française, l'AMF, il suffit de procéder comme pour les paquets de tabac avec des mises en garde qui c'est bien connu ont diminué la consommation ; chaque fois, qu'il achète un de ces produits financiers, il suffit de lui dire c'est dangereux et hop, le banquier est dédouané.

Donc en final, la confiance dans le système financier n'a aucune raison de s'être améliorée et c'est bien ce que traduit la crise de la dette grecque, au delà de l'analyse technique.

La taxation des banques dans ce contexte ne peut qu'être inefficace au mieux; des études économiques savantes le montrent même scientifiquement (http://www.edhec-risk.com/)-. Elle peut être mortelle au pire car leur imposer le paiement des dettes publiques, c'est signifier l'absence de confiance dans le système financier.

Alors que faire ? 

Offrir une réponse politique en cessant de se diviser publiquement entre Européens sur ce sujet. Cela suppose à minima une communication limitée, via un porte parole unique dans le domaine financier qui serait l'alter ego de la BCE.

Faire payer le risque aux porteurs de dettes grecques pour donner un signal clair au marché. Cela signifie une annulation importante de la dette grecque.

Etudier une révision de la fiscalité globale des institutions financières en France (banque et assurances) afin de faire payer le prix du soutien en dernier ressort de l'Etat. 

Politiser la dette des Etats en fixant une limite d'endettement en montant au niveau européen à l'instar de celle des USA dont le montant sera modifiable uniquement par le Parlement. 

Crise financière : ce n'est pas la fin du commencement mais le commencement de la fin

Inutile de se voiler. Demain, à l'aube, ou dans quelques jours, des voix rassurantes chanteront les louanges des mesures qui seront prises in extremis pour calmer des marchés qui perdent pied. Mais nous serons bien au bord de l'abîme et la question va se poser : qui va porter les réformes nécessaires pour affronter une crise qui sera cette fois politique ?

La première crise de 2008 n'en finit elle pas de durer ? Ou plus profondément des conceptions anciennes qui refusent d'ouvrir les yeux sur une crise morale, politique et somme toute une nouvelle "crise de conscience" n'en sont ils pas responsables ?

L'esprit conservateur a empêché les gouvernements d'affronter leurs responsabilités nouvelles. Ni leur bonne foi, ni leur mérite sont à méconnaître. Mais comment croire qu'ils seront demain à même de gagner ce nouveau combat sans changer.

Face à cette nouvelle adversité, le pays sent bien qu'il nous faut nous renouveler. Sortons alors du conformisme, des situations acquises, des querelles de partis.

Certes, nous allons être à l'aube de ce jour submergée par l'urgence. Il en sera de même à la prochaine secousse. Le jeu des partis, la division des nations européennes particulièrement nous empêtreront dans nos contradictions.

Le moment est venu de combattre ce vent de défaite qui se lève et entraîne dans sa spirale la division et finalement la faillite des Etats.

Nous croyons pourtant que rien est perdu. Contre le ferment de la division nous appelons une réponse collective qui puisse opposer la même puissance qui l'a fait naître. Cette réponse appelle un État légitimé par sa volonté d'unir toutes les forces républicaines.

Mais cette crise politique  sera mondiale. La France ne pourra pas être seule à agir. Elle doit avoir l'Europe derrière elle. L'Amérique, qui risque d'être touchée gravement, saura également, si nous ne cédons pas à nos tentations, gagner "le grand large".

Aussi, en tant que chrétiens et républicains, appelons nous demain hommes de droite ou de gauche, fonctionnaires, syndicalistes ou chefs d'entreprises à travailler ensemble aux changements nécessaires.

Ils concernent en premier lieu la réforme de l'Etat et la refondation du contrat social avec toutes les institutions que la crise aura ébranlées, entreprises ou secteur public.

Ils ne peuvent s'envisager sans une politique européenne forte qui se doit d'être enfin politique autant qu'économique.

Enfin, face aux risques de fragilisation du tissu social, seules de nouvelles voies permettront de garder ce lien avec les plus faibles et les plus démunis sauf à vouloir abandonner leur souffrance entre des bras vengeurs.

Régulièrement, cette chronique en parlera. Si vous êtes tenter de nous joindre vous pouvez vous mettre en rapport avec le blog.

dimanche 17 juillet 2011

Chassés croisés entre Aubry et Hollande : augmenter le budget de la Culture ou repenser le rôle pour l'Etat providence dans le domaine culturel ?

Madame Aubry, a voulu s'attirer un peu facilement un électorat d'artistes en promettant de doubler les budgets de l'Etat consacrés à la culture. Elle semble ainsi renouer avec F Mitterand qui fit quasi-doubler sa proportion de 0,50% à 1% de celles de l'Etat. Depuis, personne n'a dépassé ce seuil.

Le faut il ? Pour quoi faire ? Madame Aubry ne nous le dit pas. F Hollande a beau jeu de souligner que celà ressemble à une promesse de perroquet.

Mais pourquoi ne pas se saisir de ce débat, pour le poser plus largement.

Un peu d'histoire tout d'abord pour mettre les données en perspective :

-L'ancien Régime s'est signalé par une politique culturelle de l'Etat qui a connu son apogée sous Louis XIV allant jusqu'à des dépenses représentant 14 % du budget de l'Etat

-L'Etat républicain a depuis sa naissance jusqu'aux débuts de la Vème montré qu'il était plus proche d'une attitude de démission que d'une réelle politique culturelle.

- Les dépenses culturelles n'ont pas réellement diminué : si on additionne l'ensemble des efforts publiques (sans seulement s'arreter au budget du ministère) nous sommes probablement plus proches des 2%.

- On peut dater l'Etat providence culturelle du général de Gaulle

Alors que faire ?

Certes il y a les contraintes de gestion des dépenses de l'Etat. Mais là n'est pas l'essentiel. La politique culturelle de l'Etat est elle efficace ou comme souvent depuis le début du 19 eme aux mains de cotteries qui n'ont de cesse de faire valoir leurs interêts ?

Faut il maintenir un ministère de la culture ? Ou ne faut il pas dans ce domaine faire jouer le principe de subsidiarité ?

Voilà quelques questions qu'ils seraient utiles de se poser en alternative à une vision quantitative. Mauvaise polémique donc Madame Aubry.

(à suivre : le festival d'avignon : bon ou mauvais exemple de la politique culturelle de l'Etat)

vendredi 15 juillet 2011

14 JUILLET 2011-14 JUILLET 1790 : une polémique bienvenue pour initier une réfexion sur la campagne présidentielle

Madame Eva Joly en provoquant une polémique dont l'origine tient tant à sa marque idéologique qu'à ces origines natales, sans que celà soit à lui reprocher, a réouvert le livre de l'histoire de France à un tournant  qu'il est utile de revisiter. 

Contrairement à l'idée que l'on s'en fait communément en ne songeant qu'à la prise de la Bastille, la célébration se veut alors une manifestation d'unité nationale. Presqu'une sorte de prise de la Bastille à l'envers. Tous les corps constitués en font partie et il est délibéremment choisi d'en souligner le caractère religieux ; quant aux corps militaires, ils sont déjà présents pour souligner le lien entre la Nation et son armée. N'en déplaise à Madame Joly, cet événement fut d'ailleurs observé avec intérêt par les royautés à proximité, , les Etats unis, comme un exemple à méditer.

Un poème de Chenier traduit bien cet état d'esprit : "soldats, pretres, pasteurs, enfans, vieillard élevaient un autel à la Patrie" voilà qui fait écho utilement aux propos de Madame Eva Joly et à ses suggestions. 

Bien entendu, on souligne également aujourd'hui pour lui dénier toute valeur religieuse que la messe est  célébrée par Talleyrand qui a plaidé pour cette fête mais dont l'ambition l'emporte sur les convictions religieuses. Pour lui, comme pour Madame Joly, cette cérémonie est surréaliste.

En fait, il faut s'en reporter aux fondateurs de l'évenement pour en comprendre le sens et notamment à La Rochefoucault qui soutint le caractère religieux de cette fête. Et aujourd'hui, tous les historiens en soulignent également le caractère religieux. Chesnier encore une fois en fait appel au "Dieu du peuple et des rois des cités des campagnes, de Luther, de Calvin, des enfans d'Israel".

C'est donc dire qu'alors déjà morale chrétienne et républicaine se concevaient comme facteur d'union. C'est également notre conviction, aujourd'hui.

Alors à Madame Eva Joly j'aurais envie de dire comme l'historien Marc Bloch : "il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France, ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération"

Au delà de la polémique, cette fête repose trois questions brulantes d'actualité, dans notre époque marquée par la crise des institutions :

- la Nation : Quelle vision peut on en proposer dans un contexte de mondialisation? Quelle place pour elle dans l'indispensable Europe? 
- la Loi : Comment la démocratie de demain peut elle refonder le contrat social à la base de la Loi ?
- le Roi : Quelle place pour l'Etat ? Quelle réforme pour celui-ci?