mardi 14 février 2012

"Why do we need a financial sector ?"

"Why do we need a financial sector ?" : cette question ne provient pas d'une diatribe populiste mais d'un débat très sérieux entre économistes américains, hollandais, français américains enseignant dans de prestigieuses écoles (Cf Vox eu). Vieille question qui ressurgit après chaque crise et celà dés la fin du 19° siècle.  



1°) La réforme bancaire : une étrange paralysie des hommes politiques

Que constate t'on comme réponse politique au niveau européen et français ?

- L'Europe apparait plus que jamais divisée et peu agile: d'un coté, la Grande Bretagne a accompli sa réforme bancaire sur un modèle approchant celui des USA ; de l'autre, un groupe de travail s'est monté au niveau européen ce qui au mieux nous annonce une avancée dans trois ans tout au mieux.

Il est donc justifié de faire jouer le principe de subsidiarité en faisant partir les réformes de chaque pays plutôt que d'attendre tout de l'Europe.

- Quant au niveau français, des différentes propositions des candidats il ressort un consensus sur deux ou trois options qui sonnent plus comme des idées politiquement correctes que comme une véritable réflexion sur des réformes structurelles, pragmatiques et concrètes :

                * la séparation entre les activités de banque d'affaires et de détail : or, aucune analyse             des        économistes ne prouve que ce soit la solution idéale : là dessus, très paradoxalement, ce sont          les économistes américains qui sont d'ailleurs les plus sceptiques.

                * l'utilisation des banques publiques pour suppléer au défaillance du marché pour financer     l'économie et l'industrie en particulier. L'intervention des banques publiques dans le               domaine industriel s'est plutôt traduite dans le passé par des erreurs que par des réussites en           France : souvenons nous du Crédit Lyonnais.

                *la construction d'une "tuyauterie" mode inspecteur des finances : le livret d'épargne               industrielle... Un rapport non publié de l'Inspection des Finances a amplement démontré que l'orientation de l'épargne ne répondait à aucune logique économique du fait de la            superposition de millefeuilles de mode de captation de l'épargne coûteux pour les finances             publiques en raison des exonérations qu'ils entrainent.

                Cette paralysie de la pensée politique française sur la réforme du système financier doit elle être surmontée. Autrement dit après tout pourquoi as t'on absolument d'une réforme du         secteur financier ? Parce que le secteur financier est indispensable à la croissance : voilà             pourquoi "we need a financial sector ?". A condition de repartir de quelques fondamentaux            qui sont à l'origine du secteur financier





2°) Les voies de la réforme en France : repartir des fondamentaux et des spécificités françaises pour bâtir les fondements d'une réforme.

Dans le domaine financier l'une des idées reçues est qu'il faut une réglementation internationale pour avancer. Mais en fait la convergence réglementaire au risque de choquer les européens dogmatiques n'est pas un objectif en soi.

Les politiques locales ont leurs mots à dire et la subsidiarité est un principe européen.

Pour cela, il faut repartir de questions de bases :

Question 1  De quelles types de banques et/ou de marché financier a t'on besoin demain ?

Question 2 Quelles sont les caractéristiques du modèle bancaire français au regard de l'explicitation de ces besoins ? et lesquels partage t'on avec les autres pays ?

Question 3 Quelles réglementations sont à la portée du législateur français ?



Réponse 1  Redonner de la lisibilité à l'utilité sociétale du secteur financier

- Orienter l'épargne financière des français vers des investissements socialement responsables

Pour que les français retrouvent confiance dans le secteur financier et oriente leur épargne vers les acteurs de l'économie, il leur faut d'autres critères extra-financiers. Or il existe dans ce domaine des méthodes et des outils qui ne sont pas mis à disposition des épargnants mais sont seulement réservés aux grandes institutions : les produits Investissement socialement responsables.

Les propositions :

-supprimer toutes défiscalisation (en Pea,via les opcvm, en Assurances, en épargne salariale) pour des produits qui ne sont pas évalués ISR (sachant que cette labellisation est effectuée par des agences indépendantes où la France est indépendante)

-faire noter les produits bancaires selon les mêmes principes

Avantages : une économie fiscale significative d'au moins 5 Milliards et une orientation au profit d'entreprises moins soumises à des exigences court termiste.



Réponse 2 Débanaliser les banques à vocation territoriale

Une des particularités du secteur bancaire français est l'importance des banques territoriales avec notamment les marques Crédit agricole, Banques populaires, Caisse d'épargne, Crédit Mutuel toutes organisées par zones régionales. Cette spécificité est commune avec l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, les Pays bas et l'Autriche. Le propre de ces banques est le fait que les acteurs territoriaux sont eux mêmes parties prenantes à la gouvernance de ces banques en étant actionnaires.



Pourtant, on observe (on observe le même phénomène au Canda) un banalisation progressive des pratiques de ces banques au fur et à mesure de la cotation de ces groupes ou de la réglementation sans différenciation de ce secteur. Or, tous les économistes en conviennent le mode de gouvernance de ces banques est le meilleur garant que ces acteurs bancaires se sentent une responsabilité sociale et sociétale de leur territoire.

Comment donc éviter que ces banques un peu spéciales le restent ? tout en restant conformes aux exigences de risques.

La proposition : un projet de loi sur les banques territoriales qui

* garantisse une affectation territoriale de l'épargne

* facilite la montée au capital des épargnants territoriaux

*impose des structures territoriales de gouvernance notamment en matière de crédit incluant les "parties prenantes"

Favoriser en contrepartie de ces "servitudes" des avantages en termes de ratio de fonds propres notamment par rapport à la réglementation Bale 3

 

Réponse 3 Réglementer l'accès au crédit

Les difficultés d'accès aux crédit des particuliers constitue une source d'exclusion majeure dans le paysage social français. Or, cette nécessité de l'inclusion bancaire constitue une ardente nécessité qui ne peut reposer sur le seul secteur publique au travers de la Poste. Le réaffirmer c'est dire d'une autre façon que le secteur financier peut encore d'avantage prouver son utilité en allant au delà des actions de "mécénat"  des actions de microcrédit.

Proposition : instaurer à l'instar des USA (loi CRA) une loi obligeant les établissements financiers à démontrer que lorsqu’ils ne prêtent pas à des clients issus de certains quartiers résidentiels, leurs décisions s’appuient sur des critères strictement économiques.







3°) Qu'attendre de l'Europe : revoir le calendrier des réformes de la régulation.

- La réglementation des banques Bale III : afin de prévenir les prochaines crises et éviter aux Etats de venir au secours des banques, il est convenu au niveau international de demander aux grandes banques de renforcer leurs "réserves" de deux façons : augmenter la proportion de fonds propres (rapportés aux crédits consentis) qui sont leur "matelas" en cas de coup dur et leur "cash" (les banquiers parlent de liquidité). Au lieu de cela, à quoi assiste t'on en prévision de cette réglementation, toutes les présentations de résultats des banques françaises en témoignent :

* les banques se délestent des crédits ou le restreignent ("crédit crunch") sans augmenter leurs fonds propres ce qui va obliger les acteurs économiques autres que les particuliers à recourir encore plus aux marchés financiers. Est ce un progrès ? On peut fortement en douter : sauf à être une multinationale, pour une PME ou un professionnel, l'intermédiation par le seul marché fait dépendre celui-ci pour son accès au crédit de facteurs qui n'ont rien à voir avec son activité (la valorisation par les marchés financiers, faut il le rappeler n'est pas totalement rationnelle la crise nous le prouve tous les jours) sans compter le coût supplémentaire d'accès.

A cela s'ajoute, que le paradoxe de cette situation sera une "titrisation" des crédits dont les excès sont à l'origine de la crise financière actuelle.

Enfin, souvenons nous que le premier économiste qui a réfléchi à l'utilité du secteur bancaire pour la croissance, un anglais, Bagehot a dit avec beaucoup de bon sens : "une banque bien gérée n'a pas besoin de capital ; aucun capital ne peut sauver une banque"

*  Pour remplir les exigences de liquidités, toutes les banques vont se précipiter sur la vente de produits d'épargne bancaire pouvant rentrer dans leur bilan. S'il est bon pour l'économie du financement que le modèle de banque universelle favorise l'intermédiation de l'épargne, en revanche, la pression de Bale exagéré risque très probablement de conduire à une guerre du passif qui sera destructrice de valeur au final comme l'a montré le cas de l'Espagne et affaiblira durablement et structurellement le secteur financier européen. Cette faiblesse se retournera en final sur les conditions de crédit.

Il apparait donc urgent de revoir le calendrier d'application de cette réglementation qui risque de fragiliser les sources de financement des PME, des professionnels et des agriculteurs dans une période récessive. Le Comité de Bale commence depuis janvier de le reconnaitre du bout des lèvres.

    

- La réforme des marchés financiers : paradoxalement l'Europe met une grande lenteur à réglementer des acteurs essentiels sur les marchés financiers et qui sont pourtant à l'origine d'une excroissance sans mesure de la sphère financière ou de scandales retentissants : prenons l'exemple de l'affaire Madoff : quels sont les dispositions mises en œuvre pour prévenir  de tels agissements ?

Dans ce domaine, au contraire, une accélération des réformes jugées critiques seraient la bienvenue.

mardi 6 décembre 2011

Atterant : un nouveau traite pour quoi faire ?

Nous aimerions être moins pessimiste mais il faut bien voir que nous dirigeons droit vers une crise majeure

1°) Le processus politique européen est grippé : le couple franco-allemand est à bout de souffle pour ne proposer qu'un traité face à un problème plus grave de gouvernance économique. L'europe s'éloigne un peu plus des citoyens.

2°) Le processus politique français est aveugle : le débat ce soir à l'émission mot croisés a bien montré que l'idéologie est le seul discours que s'échange droite et gauche

3°) Le secteur financier avance en roue libre et va accentuer du fait des forces de marchés la récession

- ayant compris qu'il n'a rien à espérer des gouvernements, il se protège
- le crédit crunch est pour les semaines qui viennent
- les banques ne pouvant gagner d'argent sur la banque d'affaires vont se rabattre toutes sur la banque de détail en la pressurant et en proposant les mêmes produits en se faissant une guerre des prix sur la collecte comme sur le crédit

Cette journée de dupes sera sans doute à marquer dans les annales de l'histoire.

régis

dimanche 6 novembre 2011

Fin de notre silence "technique" : la crise politique se profile à l'échéance des élections présidentielles françaises

Toutes nos excuses à nos lecteurs. Toutefois ce temps de silence de prés d'un mois nous permet de nous conforter dans la nécessité de nous inviter dans le débat de la future présidentielle. Voici l'occasion de rappeler nos fils conducteurs :

- la primaire socialiste a montré comme nous le craignions que l'Europe et la réforme de l'Etat ne serait pas spontanément au rendez vous des débats.

Nous continuerons donc à proposer des réformes d'Etat pour faire suite à notre premier blog sur l'audit de l'Etat. La réforme de la justice en sera le deuxième chapitre. Les autres fonctions régaliennes seront également examinées y compris la Défense.

Nous publierons donc aussi un scénario politique du premier tour dés ce mois-ci de novembre qui reflétera ce que nous pensons probable. 

- la crise financière avec ses derniers soubresauts de la semaine dernière , prémisse d'une crise financière encore plus grave,  (cf blog) a montré s'il en est qu'il s'agit bien d'une crise politique ce qui a toujours été notre analyse (voir notre premier et deuxième blog)

Toutefois, nous profiterons de l'inclusion dans notre cercle de financiers pour proposer une réforme bancaire cohérente et courageuse. Un premier blog en avait esquissé certains traits.

La crise sociale qui nous guette fera également l'objet de point de vu. Le premier blog que nous avons émis sur la pauvreté en fut la première pierre.

- Enfin, plus profondément, nous pensons encore plus que nous sommes confrontés à une véritable crise de conscience européenne identique à celle que l'occident a affrontée les siècles précédents. 

Chaque semaine, nous publierons un blog sous cet angle, sachant que la vision chrétienne et républicaine qui nous réunissent l'éclairera.

- Enfin n'oubliant pas notre foi et notre conviction républicaine nous ne manquerons pas comme d'habitude de faire le lien entre les textes bibliques et l'actualité la plus immédiate.

Bernard, François, Marie, Catherine, François régis, Régis, Jean et le dernier venu Simon.

Merci de tous vos commentaires.

mercredi 21 septembre 2011

A suivre : jeudi et vendredi publication de nos propositions de réforme de la justice

Bréve : un conseil à Dominique Strauss-Kahn : plutôt que de confier votre sort à des communiquants reliser la bible elle est peuplée de bonnes leçons pour les dirigeants qui ont commis un adultère

Budget de la Défense les propositions de l'UMP : une vue passeiste

Toute la presse s'est faite l'écho de la proposition très médiatique de l'UMP concernant une énième proclamation d'attachement à la Patrie que les jeunes citoyens devraient prononcer. Et bien entendu toute l'armée des sceptiques de sourire tandis que ceux qui vont déjà un peu plus au fond ont bien vu la manoeuvre tactique. Qui sérieusement peut ne pas être d'accord avec cette mesure à part quelques huluberlus du genre de la candidate des verts plus soucieuse de choquer que d'être crédible (Cf son interview dans son pays d'origine).

Cela nous incite à nous pencher sur le programme de l'UMP dans le domaine http://www.u-m-p.org/actualites/a-la-une/nous-ne-sacrifierons-pas-la-defense-29862009. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'on ne peut le réduire à la mesure gadget dont s'est emparé la presse. Pour autant, une première lecture montre qu'il enfonce des portes ouvertes alors qu'à notre sens dans ce domaine des réorientations stratégiques sont nécessaires. 

Or il s'agit du deuxième domaine dans lequel le rôle de l'Etat ne souffre pas de contestation : il s'agit d'un domaine régalien (à l'instar de la sécurité et de la justice).

Voilà pourquoi, ce sera le deuxième domaine d'intervention de l'Etat (après celui de la justice) pour lequel nous émettrons des propositions que nous espérons novatrices et dans le même souci de réforme de l'Etat. 

A suivre la semaine prochaine

Jean Baptiste