vendredi 2 septembre 2011

Dette publique grecque : derrière les débats techniques deux visions de la société

Le débat qui a eu lieu cette dernière semaine entre Madame Lagarde affirmant que les banques européennes étaient sous-capitalisées et les différents régulateurs européens ne se reconnaissant pas dans ses propos peut sembler en apparence très technique. En fait non, car derrière ce débat se cachent deux visions morales et économiques, qui peuvent être reliées toutes deux à l'évangile de ce week-end. Curieux non...

Tout d'abord tentons de vulgariser le débat technique: Madame Lagarde estime que la dette grecque vaut ce qu'on en offre aujourd'hui sur le marché : cela semble de bon sens à prime abord (les financiers appellent cela le market to market). Les tenants de la thèse européenne, disent que cela vaut ce que cela rapportera demain à leurs détenteurs selon un accord qu'ils ont passés ( les financiers appellent cela le market to model).

Ce n'est pas un débat nouveau pour le monde financier :  il faut rappeler que ce fut la même question quand il fallut évaluer le prix des immeubles dans les bilans ou des crédits garantis par les immeubles dans les années 90. Pour avoir été confronté à cette situation, les propriétaires immobiliers de l'époque, disaient "mais enfin vous voyez bien qu'il s'agit d'un immeuble de luxe qui peut générer des revenus importants et en plus celui qui le détient est une institution d'Etat" (un peu comme les européens) et les auditeurs financiers disaient : "oui mais le prix que m'offre les rares acheteurs du marché aujourd'hui est beaucoup plus bas". Les deux peuvent avoir raison et ce qui les sépare c'est l'horizon de temps dans lequel ils se projetent. Or les financiers le savent bien le temps c'est de l'argent. En l'occurrence 200 Milliards €.

Dans un cas, il s'agit d'une vision court terme ( Madame Lagarde) et dans l'autre d'une vision long terme (les Européens). Or, à long terme "nous sommes tous mort " dixit Keynes après 1929. Oui mais pas de long terme sans confiance qui est le premier ressort du monde bancaire. On peut donc dire que d'un coté Madame Lagarde a une vision de marchés financiers et de l'autre les Européens une vision bancaire au sens classique du terme : celui qui fait confiance à quelqu'un et qui finance l'économie.

Notre conviction, mais pas seulement la notre c'est que la crise actuelle et de 2008 est due justement à un aveuglement du long terme par le court terme, par une financiarisation excessive du monde bancaire. Notre conviction est donc que ce sont les Européens qui ont raison et Madame Lagarde tort . " à court terme, nous sommes tous des mortelles" pour paraphraser Keynes

Et me dirait vous, mais si "les grecques font n'importe quoi " et bien ils auront manqué à notre confiance, mais l'Europe ne pourra pas les laisser tomber au risque de se désintégrer. Il s'agit donc d'un enjeu géopolitique majeur, et les parieurs américains l'ont bien compris.

Venons en à l'évangile : " Lecture de Saint Paul aux Romains 13, 8-10 "Ne gardez aucune dette envers personne, sauf la dette de l'amour mutuel". Cette lettre nous enseigne que la Loi se résume dans la charité.

Madame Lagarde garderait bien seulement la première partie de la phrase "Ne gardez aucune dette envers personne" : autrement dit la dette grecque ne vaut plus rien, et l'espoir des grecques ne vaut rien.

Les Européens disent "sauf la dette de l'amour mutuel" : l'Europe a un projet qui dépasse le court terme et ne va pas s'arrêter en si bon chemin, même si l'un des siens est rabaissé provisoirement.

En terme politique nous nous voulons Européens

=> les banques doivent se réorienter vers leurs objectifs premiers,

=> les marchés financiers doivent être "isolés" des banques : celà signifie deux réformes de fonds

a) Séparer ou limiter banque universel de détail et d'affaires

b) Revoir les chaînes de responsabilités des gestionnaires d'actifs

Frégis

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