mercredi 31 août 2011

Pauvreté : un rapport bienvenu et ue affaire de démocratie

Nous sommes convaincu (Cf précédent blog) que le thème de l'exclusion doit être au coeur de la campagne présidentielle, non pas pour nous refaire le coup de la pomme (cf campagne de 1995) et faire de nous de bonnes "poires".

Ce rapport est donc le bienvenu.

Quel analyse peut on en faire ?

1°) La pauvreté n'est pas une affaire de droite ou de gauche

Que nous apprends le rapport de l'Insee : le coefficient de Gini (qui mesure l'inégalité) a augmenté sous le gouvernement Jospin ( n'en déplaise à Monsieur Hollande) et le taux de pauvreté tel que mesuré par l'INSEE également (source rapport annuel 2011 officiel de l'ONPES). Il a baissé et augmenter sous la droite également ces 20 dernières années.  

2°) La France n'est pas la plus mal lotie mais dans la moyenne européenne : peut-on à ses conditions parler de modèle social français ?

Contrairement aux réactions indignées et un peu hâtives de Madame Bachelot sur BFM ce soir, la France n'a pas le meilleur taux de pauvreté, si tant est qu'on puisse en avoir un bon.

" Avec un taux de pauvreté à 13% la France occupe une place médiane en Europe" (Source ONSEP rapport février 2011) et cette situation s'observe sur d'autres indicateurs (Source Eurostat).

3°) La crise n'est qu'un révélateur de fracture plus profonde qui n'a pas été traitée à l'occasion de la crise : elle est le miroir de la société.

La crise a révélé des facteurs de fragmentation sociale plus qu'elle ne les a créés :
- la situation des jeunes et des personnes âgées qui interpellent nos mécanismes de solidarité
- l'accroissement des plus pauvres qui apparaissait déjà avant la crise.

Comment dans ces conditions ne pas faire référence au message chrétien sur les pauvres qui leur donne pleinement leur place. D'ailleurs les associations chrétiennes ne s'y sont pas trompées protestante comme catholique (cf secours catholique et dans "Réforme")

Les mauvais débats ont commencé également  à émerger sitôt paru les éléments. Je n'en citerais que deux :

- le débat sur le thermomètre : des années de discussions ont été nécessaires pour se mettre d'accord sur des indicateurs le débat donc du directeur de l'observatoire des inégalités sur la non fiabilité de l'indicateur est pitoyable

- la solution comptable : la redistribution des revenus versus la politique de gauche classique....

Mais aussi quelques réactions salutaires ont émergés : celle d'ATD Quart Monde est sans doute celle qui est le plus à saluer. Il confirme la tendance de fonds et surtout en appelle à la politique car la situation n'est pas inéluctable..

Quelles réflexions de long terme doit nous suggérer ce jaillissement de l'actualité ?

1°) Le regard posé sur la pauvreté est avant tout un problème de démocratie, et une démocratie elle même mise à mal dans ses fondements par la crise.

La République française a dans ses travaux constitutifs posé la pauvreté au coeur de ses débats à deux occasions fondatrices :
- en 1789 : "On a toujours pensé à faire la charité aux pauvres, mais jamais à faire valoir les droits de l’homme pauvre sur la société et ceux de la société sur lui. » « la misère des peuples est un tort des gouvernements ». (Source comité sur la mendicité)
- en 1848 puisque c'est à partir de là qu'on a parlé de politique "sociale (cf également les débats des constituants de 1848).

Le regard porté sur la pauvreté dans nos sociétés modernes par nos politiques n'a pas pourtant profondément évolué depuis cet âge même si les politiques "sociales" se sont accrues :

- la politique des pauvres est l'affaire de l'Etat principalement, la charité étant connotée philosophiquement  ; mais depuis 20 ans les politiques publiques du "Welfare state " ont elles été efficaces ?

- pour organiser cette politique, il faut peu ou prou identifier et remettre le pauvre au travail (les emplois jeunes...) mais le succès d'estime du RSA ne marque t'il pas les limites de ce type d'approche ?

- ce n'est pas le pauvre qui fait peur c'est le misérable (celui qui trouble l'ordre économique et l'enrichissement) d'où la confusion entre niveau de vie et pauvreté dans l'analyse faite par certains politiques de la note de l'INSEE. Pour autant, quel est le coût réel de la pauvreté ? L'Etat n'a t'il pas à s'inspirer de démarche de responsabilité sociale et environnementale ?

Au final, la politique de la pauvreté pose la question morale de la place de l'autre au sein de nos démocraties : est il admissible que 8 millions de personnes se sentent exclues d'une société démocratique durablement alors que la vertu d'égalité au sens des droits de l'homme pose le contraire ? Tout ce qui sera fait pour susciter la réaction des Français sur ce sujet ne peut qu'être louable.



2°) Les ambitions des politiques dans ce domaine sont en complet décalage avec les réalités

Rappelons nous que les pays Européens s'étaient donnés comme objectif d'éradiquer la pauvreté en 2010...Par ailleurs, l'objectif de réduire la pauvreté d'un tiers en 2012 et pris par le gouvernement ne sera pas tenu. Les objectifs fixés par Marine Le pen (5 millions en moins) ne sont même pas à commenter tellement ils sont grotesques : leurs seuls mérites est de dire qu'il faut en faire une priorité.


3°) Les axes d'une nouvelle politique sont à chercher en gardant quelques repères pour construire sur le long terme

- susciter des politiques alternatives au tout Etat de lutte contre la pauvreté. Les chercheurs, mais aussi certains pays ont dans ce domaine montré des expériences intéressantes alternatives aux bonnes vieilles politique d'aide sociale qui sont à bout de souffle.

- garder le cap sur deux ou trois axes fondamentaux :

a) l'importance de la politique familiale et des mécanismes de solidarité entre générations

b) en faire une priorité de la politique éducative

c) construire une politique européenne en matière d'immigration faite de dignité et de responsabilité

Une référence pour finir ancienne mais qui n'a rien perdu de son actualité : Frédéric Ozanam, la cause des pauvres de Jacques de Guillebon

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